Association Lupus Erythémateux

Comment choisir un "bon" médecin

Lors de la matinée de conférences de mai 2016, des médecins des trois grandes universités belges, Béatrice Andre ( Ulg), Frédéric Houssiau (UCL) et Michel Golman (ULB) ont expliqué selon quels critères choisir un bon médecin.

Docteur Béatrice André  : Un bon médecin va prendre le temps de voir avec vous comment les choses se passent, mais le critère principal, c’est que le médecin ait une bonne expérience de la maladie. C’est indispensable dans les maladies plus rares ou dans les formes rares de certaines maladies. Il faut consulter quelqu’un qui voit très régulièrement des patients atteints de ces différentes formes de pathologie.
La Belgique ne fonctionne malheureusement pas en terme de centres de référence et les Belges ont l’habitude de consulter près de chez eux, mais faire 50 ou 100 kilomètres, quand on a un lupus, cela vaut la peine ! Prenez le temps de consulter des médecins qui ont l’expérience. Pour un projet de grossesse quand on est atteint de lupus, il faut faire les kilomètres nécessaires ! Par contre, le prix que vous payez votre consultation, n’est en rien un indice de qualité des soins que l’on reçoit. L’important, c’est de consulter une équipe pluridisciplinaire comportant des gens entraînés : quand un néphrologue travaille très régulièrement avec un rhumatologue et voit beaucoup de néphrites lupiques, leurs expériences cumulées font qu’ils traiteront probablement mieux la maladie.
Professeur Frédéric Houssiau : Il faut avoir un accès aux spécialistes qui sont nécessaires pour le traitement d’une maladie aussi complexe (cardiologue, néphrologue, dermatologue), mais il faut également un médecin coordinateur qui soit le partenaire privilégié du malade et qui mène le traitement comme un chef d’orchestre, pour que ce ne soit pas une cacophonie, mais une symphonie !
Docteur Béatrice André : Il suffit parfois d’aller voir un spécialiste une ou deux fois par an, ou de prendre ponctuellement l’avis de quelqu’un qui a une plus grande expérience, qui va peut-être simplement orienter la stratégie thérapeutique et orienter les soins, sans nécessairement prendre le patient en charge au quotidien. En effet, tous les patients qui ont un lupus n’ont pas besoin de consulter un spécialiste du lupus au quotidien, mais une ou deux fois par an, il est utile de consulter un « hyperspécialiste » pour avoir un avis ou une direction thérapeutique.

Durant la même matinée, le Professeur Michel Golman insistait pour que les patients participent, d’une manière ou d’une autre, à la recherche. D’une part pour être certain de bénéficier d’un suivi régulier (le suivi des patients inclus dans les études est très réglementé et est conforme aux connaissance médicales les plus récentes) et d’autre part pour aider les générations futures : c’est grâce à la recherche qu’aujourd’hui, on a des nouveaux médicaments qui peuvent vous aider !

Question subsidiaire : comment savoir si un médecin a bonne expérience de la maladie ?
Les chiffres sont difficiles à obtenir, mais voici les chiffres officiels de l’étude CAP 48 :

Nombre de patients inclus dans l’étude en décembre 2016 :

  • Saint-Luc, clinique du lupus (Bruxelles) : 28 patients
  • Brugmann, Bruxelles : 7 patients
  • Sart Tilman, Liège : 6 patients
  • CHC, Liège : 2 patients
  • Ste Elisabeth, Namur : 2 patients
  • Erasme, Bruxelles : 1 patient
  • Epicura, Hornu : 1 patient
  • Tivoli, La Louvière : 1 patient

Comment se déroule la participation à une étude...

Comment se déroule la participation à une étude clinique ? Vous aurez une foule de renseignements en cliquant ici....

CAP 48 soutient la recherche sur le lupus !

CAP 48, l’opération de récoltes de fonds de la RTBF, finance un projet de recherche sur la polyarthrite de l’enfant et du jeune adulte. Dans le cas présent, le terme « polyarthrite » inclut également l’arthrite juvénile, le lupus et la sclérodermie.

Titre de l’étude

Suivi médical des nouveaux cas de polyarthrite de l’enfant et du jeune adulte. Optimalisation de la réponse clinique, de la rémission, de la qualité de vie et analyse des marqueurs pronostics.

Promoteurs

Cette étude est proposée par les services de Rhumatologie et de Pédiatrie des 3 Universités francophones.

Introduction

L’inflammation aiguë est la première défense de l’organisme, lors d’infections ou de blessures. Elle représente une étape cruciale dans la réponse immunitaire et la cicatrisation. Plus de 80 maladies humaines sont dues à une réponse inappropriée du système immunitaire, qui occasionne une inflammation chronique et des dégâts dans différents organes. On les appelle maladies auto-immunes ou auto inflammatoires.

Les arthrites chroniques ou rhumatismes inflammatoires représentent la majorité de ces maladies et sont une cause majeure de handicap progressif en Belgique. Ne reconnaissant plus comme soi ses propres cellules, le système immunitaire se retourne contre l’organisme-hôte. Les maladies auto-immunes peuvent affecter n’importe quel organe et présentent des manifestations cliniques très variables, rendant le diagnostic précoce souvent difficile. Ces affections sont classées en arthrite chronique juvénile, polyarthrite rhumatoïde, arthrite psoriasique, spondylarthrite, lupus, sclérodermie ou autre.

L’arthrite peut affecter des personnes de tous âges, du nouveau-né aux enfants, jusqu’aux personnes au stade le plus actif de leur carrière. Près de 20 % des patients souffrant de polyarthrite, développent leur maladie avant l’âge de 40 ans.

À ce jour, la cause de ces affections reste inconnue. Plusieurs facteurs participent au déclenchement et à l’entretien de ces maladies : composantes hormonales, génétiques, facteurs d’environnement, virus, bactéries, rayons solaires, mode de vie (alimentation, tabac...) – ou des facteurs psychosociaux (stress). Ces maladies ne sont pas héréditaires, mais surviennent sur un terrain génétique favorable, en présence de facteurs déclenchant encore mal identifiés.

Sur le plan clinique, sans traitement, les patients souffrent de douleurs quotidiennes diminuant leur qualité de vie et peuvent développer, suite à l’inflammation chronique des articulations, des déformations irréversibles. L’atteinte inflammatoire ne se limite pas toujours à l’articulation, car dans certaines formes de polyarthrite, dans le lupus et la sclérodermie, des atteintes systémiques sévères peuvent se manifester et toucher les reins, le poumon, le cœur et le système nerveux, pouvant mettre en jeu le pronostic vital.

La reconnaissance de ces maladies complexes est un important problème de santé publique.

Population

Les patients enfants ou jeunes adultes (moins de 40 ans), présentant une polyarthrite débutante, seront évalués au cours de cette recherche. Ils bénéficieront d’un bilan clinique, biologique et radiologique, afin de définir au mieux, les critères de classification diagnostiques.

Il n’existe pas d’études épidémiologiques en Belgique. On estime toutefois à 150, les nouveaux cas de lupus, chaque année, en Belgique.

Objectifs

Le premier objectif sera d’inclure un nombre progressif de ces nouveaux jeunes malades, afin d’optimaliser et de standardiser les soins et les objectifs de réponse clinique. Le chiffre de 25 % des nouveaux cas incidents sera recherché, avec chaque année, une augmentation de 20 % pendant les 5 à 10 ans de ce projet.

Projet concernant le lupus érythémateux disséminé (LED)

Le LED est typiquement une maladie de la femme jeune. Il se manifeste le plus souvent par de l’arthrite et des lésions cutanées, mais les complications les plus redoutables, celles qui mettent un jeu le pronostic vital, sont viscérales : essentiellement rénales, cérébrales et hématologiques. Environ 40 % des patients développent une atteinte rénale, soit inaugurale, soit en cours de suivi. Non traitée, celle-ci se complique d’une insuffisance rénale terminale (justifiant dialyse/transplantation), chez 10 à 20 % des patients, au bout d’une période de 10 ans.

Le traitement immunosuppresseur (glucocorticoïdes, cytostatiques, biothérapies) est efficace chez la majorité des patients, malheureusement au prix d’effets secondaires importants, surtout métaboliques et infectieux, particulièrement fréquents en début de traitement. Le début de la maladie constitue donc, dans les cas sévères, un cap difficile et dangereux, qui ne sera franchi qu’avec l’aide d’une équipe performante. Le but du traitement n’est pas uniquement de contrôler les manifestations inflammatoires (par ex. l’arthrite, la glomérulonéphrite), mais aussi d’éviter les dommages irréversibles, qu’ils soient provoqués directement par la maladie (par exemple l’insuffisance rénale chronique), ou indirectement via les traitements (par exemple, ostéonécrose aseptique, ostéoporose, diabète, cataracte).

Nous disposons de nombreux indices d’activité, qui nous permettent de mesurer l’efficacité de nos interventions [SELENA-SLEDAI (Safety of Estrogens in Lupus Erythematosus National Assessment), BILAG (British Isles Lupus Activity Global assessment), ECLAM (European Consensus Lupus Activity Measurement)] mais aussi d’un indice de dommage chronique [SLICC/ACR DI (Systemic Lupus International Collaborative Clinics/American College of Rheumatology Damage Index)]. Ce dernier est particulièrement intéressant, car il comptabilise les lésions irréversibles, système par système, autant celles induites par la pathologie elle-même, que par les complications iatrogènes. Une étude récente a démontré, que 33 % et 51 % souffrent de dommages chroniques, sur respectivement des périodes de 5 et 10 ans.

Objectif principal

L’objectif principal est de réduire dans cette cohorte incidente le taux de dommage (i. e. SLICC/ACR DI ≠ 0) chez ≤20% des patients à 5 ans, ce qui constituerait une amélioration significative de 40% par rapport aux résultats actuels.

Objectifs secondaires

  1. Puisque le rein est un organe cible privilégié du LED, nous viserons à réduire la fréquence de l’insuffisance rénale (strictement définie par une filtration glomérulaire, estimée inférieure à 60 ml/min/1,73 m2 de surface corporelle) à 5 % jusqu’à 5 ans (chez les patients incidents, souffrant de néphropathie).
  2. Puisque les hospitalisations ont un impact important sur la qualité de vie des patients et qu’elles sont souvent justifiées par des effets secondaires des traitements (infections sévères), nous nous fixerons comme but, de parvenir à en limiter le nombre à une moyenne de moins de 1/patient/an.
  3. Puisque les glucocorticoïdes contribuent au dommage chronique, nous viserons une épargne cortisonique maximale. Plus précisément, nous souhaitons atteindre un taux de sevrage complet sur 3 ans, chez environ 50 % des patients souffrant de néphropathie lupique.
  4. La grossesse pose des problèmes très particuliers, non seulement liés au risque de poussées de la maladie et de pré-éclampsie/HELP chez la mère, mais aussi en raison de complications fœtales : fausse couche (y compris tardive au-delà de 12 semaines), retard de croissance intra-utérine, mortalité in utero, prématurité extrême et ses complications, lupus néonatal. Ces grossesses dites « à hauts risques » doivent être prises en charge par une équipe pluridisciplinaire, habituée à gérer cette situation. Nous proposons comme objectif d’atteindre un taux de perte fœtale inférieur à 10 %, pour les grossesses ayant évolué au-delà de 12 semaines.

Objectifs de la recherche translationnelle

Les patients présentant une AJ, une PR, un LED ou une SCL bénéficieront d’un suivi systématique tous les 3 mois, avec une évaluation et une métrologie complète. Avant l’initiation d’un traitement, des prélèvements sanguins et tissulaires seront réalisés, afin de servir à l’identification de marqueurs pronostics. Ces analyses permettront également de réaliser des corrélations de réponse ou de non réponse, selon les paramètres d’évolution clinique reconnus.
Dans le présent projet, nous voulons analyser le potentiel des profils protéomiques et moléculaires, afin d’identifier des marqueurs de réponse ou non aux traitements. Les analyses protéomiques se feront à partir du sang circulant. En parallèle, nous évaluerons les profils d’expression de biopsies synoviales ou autres, provenant de patients atteints de PR débutante. Nous étudierons de manière prospective, dans quelle mesure le diagnostic moléculaire permet de prévoir la réponse thérapeutique, ainsi que l’évolution au long cours.

Objectifs de la recherche appliquée au patient

Deux projets concernant la qualité de vie seront étudiés. Le premier s’intéressera aux aspects de la grossesse et de ses implications avec la maladie et ses traitements. Le deuxième cherchera à mieux connaître le handicap et la lourdeur financière à la charge des familles de patients souffrant d’AJ et d’éviter le handicap scolaire et pédagogique lié à la maladie.

Durée de l’étude

L’étude débutera en 2013. L’étude longitudinale se déroulera sur une période de 5 ans (2013-2018), avec une extension éventuelle à 10 ans.

Lisez la deuxième newsletter du projet CAP 48 en cliquant sur l’image ci-dessous.

Cap 48 : 2me newsletter

Pour connaître la liste des médecins participants à l’étude et le nombre de patients que chacun a inclus dans l’étude au début 2017, vous pouvez consulter le document ci-dessous.

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